Ce document d'application de la réglementation fait partie de la série de documents d'application de la réglementation de la CCSN intitulée Conduite de l'exploitation, qui porte également sur la tenue des activités autorisées. La liste complète des séries figure à la fin de ce document et elle peut être consultée à partir du site Web de la CCSN, à suretenucleaire.gc.ca/documents-de-reglementation.
Le document d'application de la réglementation REGDOC-2.3.2, Gestion des accidents, énonce les exigences et les directives de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) relatives à l'élaboration, à la mise en œuvre et à la validation des programmes de gestion des accidents destinés aux installations dotées de réacteurs.
La gestion des accidents est un engagement en faveur de l'approche liée à la défense en profondeur et est un élément important des capacités générales du titulaire de permis pour s'assurer que les risques posés par les réacteurs nucléaires demeurent faibles. La défense en profondeur est appliquée à toutes les activités organisationnelles et comportementales, ainsi qu'aux activités de conception liées à la sûreté et à la sécurité, afin de s'assurer qu'elles soient couvertes par des mesures qui se recoupent. Il importe que les titulaires de permis mettent en œuvre et maintiennent des procédures d'exploitation, des lignes directrices et des capacités adéquates pour gérer les situations anormales et les accidents, y compris les accidents graves. Ce document d'application de la réglementation précise les principes de sûreté, les exigences de haut niveau et les lignes directrices de soutien permettant aux titulaires de permis d'élaborer, de mettre en œuvre et d'évaluer un programme intégré de gestion des accidents comprenant des éléments relatifs à la gestion des accidents graves.
Les éléments et principes fondamentaux à la base du document sont conformes aux principes, guides et rapports suivants en matière de sûreté de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) :
Ce document reflète les leçons retenues de l'accident nucléaire de Fukushima, survenu en mars 2011, et donne suite à des conclusions du Rapport du Groupe de travail de la CCSN sur Fukushima. Ce document remplace le guide d'application de la réglementation G-306, Programmes de gestion des accidents graves touchant les réacteurs nucléaires, publié en 2006.
Remarque importante : Ce document fait partie du fondement d'autorisation d'une installation ou d'une activité réglementée si on s'y réfère directement ou indirectement dans le permis (notamment dans des documents cités en référence du titulaire de permis). Le fondement d'autorisation établit les conditions limites du rendement acceptable pour une installation ou une activité réglementée et établit les bases du programme de conformité de la CCSN à l'égard de cette installation ou activité réglementée. Dans le cas où le document est un élément du fondement d'autorisation, le terme « doit » est employé pour exprimer une exigence à laquelle le titulaire ou le demandeur de permis doit se conformer; le terme « devrait » dénote une orientation ou une mesure conseillée; le terme « pourrait » exprime une option ou une mesure conseillée ou acceptable dans les limites de ce document d'application de la réglementation; et le terme « peut » exprime une possibilité ou une capacité. Aucune information contenue dans le présent document ne doit être interprétée comme libérant le titulaire de permis de toute autre exigence pertinente. Le titulaire de permis a la responsabilité de prendre connaissance de tous les règlements et de toutes les conditions de permis applicables et d'y adhérer.
1.0 Introduction
1.1 Objet
1.2 Portée
1.3 Législation pertinente
1.4 Documents nationaux et internationaux
1.5 Liens entre la gestion des accidents et la préparation aux situations d'urgence
2.0 Gestion des accidents et liens avec la préparation aux situations d'urgence et le principe de défense en profondeur 4
3.0 Exigences relatives au Programme intégré de gestion des accidents
3.1 Objectifs de la gestion des accidents
3.2 Exigences générales
3.3 Exigences relatives à l'équipement et aux instruments
3.4 Exigences relatives aux procédures et aux lignes directrices
3.5 Exigences relatives au rendement humain et organisationnel
4.0 Orientation concernant l'élaboration d'un programme intégré de gestion des accidents
4.1 Considérations générales
4.2 Établissement d'un programme intégré de gestion des accidents
4.2.1 Identification des problèmes risquant de compromettre les fonctions de sûreté du réacteur
4.2.2 Identification des capacités du réacteur
4.2.3 Élaboration de stratégies et de mesures
4.2.4 Analyses justificatives
4.2.5 Élaboration de procédures et de lignes directrices
4.3 Autres considérations
4.3.1 Dispositions relatives à l'équipement
4.3.2 Rôle de l'instrumentation
4.3.3 Responsabilités de l'organisation
4.3.4 Liens de communication
5.0 Orientation concernant la mise en œuvre d'un programme intégré de gestion des accidents
5.1 Intégration des procédures, des lignes directrices et des arrangements
5.2 Vérification des procédures et des lignes directrices
5.3 Rendement humain et organisationnel
5.4 Formation
6.0 Orientation concernant la validation d'un programme intégré de gestion des accidents
6.1 Examen d'un programme intégré de gestion des accidents
6.2 Évaluation des systèmes et de l'équipement
6.3 Évaluation des ressources
7.0 Orientation concernant la documentation d'un programme intégré de gestion des accidents
Liste des acronymes
Glossaire
Références
Annexe A
Le document REGDOC-2.3.2, Gestion des accidents, présente les exigences et l'orientation de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) relatives à l'élaboration, à la mise en œuvre et à la validation des programmes intégrés de gestion des accidents (PIGA) destinés aux installations dotées de réacteurs.
Le PIGA désigne toutes les dispositions nécessaires pour gérer les accidents touchant une installation dotée d'un réacteur. Il traite des accidents entraînés par toutes sortes d'événements déclencheurs, causés par des défaillances techniques ou erreurs humaines ou par des dangers naturels ou artificiels. Les PIGA tiennent compte des événements déclencheurs touchant n'importe quelle partie de l'installation, en particulier les réacteurs et les piscines de stockage du combustible irradié, y compris des combinaisons possibles d'installations touchées. Ils tiennent également compte de tous les états de fonctionnement (tant en mode d'exploitation normale qu'en cas de mise à l'arrêt). Les PIGA font appel à l'ensemble des infrastructures, des équipements, des procédures et lignes directrices, ainsi qu'aux ressources humaines et organisationnelles disponibles.
Ce document d'application de la réglementation stipule des exigences et fournit de l'orientation complémentaire permettant aux titulaires de permis d'élaborer, de mettre en œuvre et d'évaluer des PIGA pour les centrales nucléaires actuelles ou nouvelles, les petits réacteurs et leurs installations nucléaires auxiliaires.
Le PIGA doit être établi en fonction du risque relatif posé par les activités réglementées d'une installation dotée d'un réacteur, risque qui pourrait varier en fonction de la puissance thermique du réacteur et de la disponibilité des systèmes de protection. Pour certains réacteurs, il pourrait être possible de montrer que certains éléments d'un PIGA sont inutiles ou ne s'appliquent pas. Il incombe au demandeur ou au titulaire de permis de démontrer que les dispositions relatives à la gestion des accidents sont adéquates pour limiter les risques que posent les accidents, y compris ceux qui sont graves.
Le document précise les exigences et l'orientation relatives aux PIGA qui doivent être utilisées pour élaborer et valider les éléments nécessaires tels que les procédures d'exploitation sur incident (PEI) ou les lignes directrices pour la gestion des accidents graves (LDGAG), et pour démontrer que le titulaire de permis est en mesure de maîtriser les incidents de fonctionnement prévus (IFP), les accidents de dimensionnement (AD) et les accidents hors dimensionnement (AHD), y compris les accidents graves.
Dans ce document, on se concentre sur les aspects liés à la gestion des accidents et il ne comporte donc pas d'exigences ou de mesures en ce qui concerne la préparation et la conduite des interventions d'urgence dans la mesure où celles-ci sont présentées dans le document REGDOC-2.10.1, Préparation et intervention relatives aux urgences nucléaires [1].
Les dispositions de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires (LSRN) et de ses règlements qui s'appliquent ici englobent les éléments suivants :
Le document REGDOC-2.3.2, Gestion des accidents, est l'adaptation par la CCSN des principes et des directives établis dans différents documents nationaux et internationaux, parmi lesquels :
Une liste des documents de référence canadiens pertinents est fournie à la fin de ce document.
Le principe fondamental de la gestion des accidents est qu'en présence de tout accident dont l'éventualité est crédible, l'exploitant d'un réacteur nucléaire doit être en mesure :
Pour cela, un programme intégré de gestion des accidents (PIGA) est mis en place. Un PIGA est un cadre structuré comprenant un ensemble cohésif de plans et de dispositions prévus pour s'assurer qu'en cas d'accident :
Ainsi, la gestion des accidents fournit la capacité d'intervenir en cas d'accident dans l'installation d'un réacteur. Il est important de reconnaître que la gestion des accidents diffère de la préparation aux situations d'urgence, et ce, malgré les recoupements qui existent entre les deux. La préparation aux situations d'urgence traite des interventions permettant d'atténuer, sur le site et à l'extérieur de celui-ci, les conséquences d'un accident pour les travailleurs et le public.
La gestion des accidents et la préparation aux situations d'urgence font toutes deux partie de la défense en profondeur. La première a trait aux niveaux 3 et 4 de défense en profondeur alors que la seconde correspond à son niveau 5. Le niveau 3 de défense en profondeur est associé au contrôle d'un accident, une situation où des procédures fondées sur les règles sont en général utilisées. Le niveau 4 renvoie aux accidents hors dimensionnement, dont les accidents graves, c'est-à-dire des situations où les efforts portent sur la gestion de l'accident et où les exploitants peuvent devoir mettre de côté les procédures fondées sur les règles au profit de lignes directrices et de procédures fondées sur les symptômes, ce qui exige un grand recours au jugement.
La figure 1 illustre les liens entre la gestion des accidents, la préparation aux situations d'urgence et la défense en profondeur. Un PIGA a pour but d'empêcher l'escalade d'un événement déjà en cours et d'en réduire le plus possible les émissions radioactives au moyen de différentes mesures physiques et procédurales. Ces mesures peuvent varier selon l'accident (qui peut être un accident de dimensionnement ou un accident hors dimensionnement, y compris un accident grave). Le programme de préparation aux urgences (décrit dans le document REGDOC-2.10.1 [1]) indique de quelle façon les installations et les organismes nucléaires concernés se préparent à une urgence nucléaire ou radiologique à l'intérieur et à l'extérieur du site, et de quelle façon ils prévoient intervenir pour protéger les travailleurs et le public.
Il est admis que l'intervention inclut différentes mesures selon la gravité de l'accident. Bien déterminer les critères de transition est essentiel pour assurer un déclenchement sans heurt de l'intervention appropriée.
L'Annexe A présente en détails les différents éléments essentiels d'un PIGA utilisé pour intervenir en cas d'IFP, d'AD et d'AHD.
Figure 1 : Illustration d'un PIGA (REGDOC-2.3.2) et d'un programme de préparation aux urgences nucléaires (REGDOC-2.10.1), montrant les relations entre ceux-ci.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir | Figure 1 : Équivalent textuel
Cette section précise les exigences relatives au PIGA. La première sous-section définit les objectifs de la gestion des accidents. La deuxième sous-section présente les exigences générales ou de haut niveau. Ensuite, les exigences particulières traitant des différents éléments d'un PIGA sont regroupées sous les rubriques consacrées à l'équipement, aux procédures et aux aspects humains et organisationnels.
Conformément à la LSRN et à ses règlements d'application, l'objectif primordial en matière de sûreté nucléaire est de protéger les personnes, la société et l'environnement de tout préjudice en établissant et en maintenant des systèmes efficaces de défense contre les risques radiologiques et les substances dangereuses. Lorsqu'un accident se produit dans une installation dotée d'un réacteur nucléaire, l'objectif susmentionné est atteint en remplissant les fonctions de sûreté fondamentales suivantes :
Les objectifs particuliers d'un PIGA complet et efficace consistent à :
Pour répondre à ces exigences de haut niveau, le titulaire de permis doit répondre à toutes les exigences spécifiées dans cette section et prendre en considération l'orientation figurant aux sections 4, 5, 6 et 7.
Pour assurer l'élaboration, la mise en œuvre et la validation d'un PIGA, les titulaires de permis doivent :
Les titulaires de permis doivent :
Pour satisfaire aux exigences énoncées à la section 3 concernant l'élaboration d'un PIGA, le titulaire de permis devrait tenir compte de l'orientation suivante.
Lors de l'élaboration d'un PIGA, il faudrait utiliser une approche structurée hiérarchique (comme illustrée à l'annexe A). Au niveau supérieur, les objectifs de la gestion des accidents devraient être définis en fonction du niveau de défense et des objectifs connexes présentés à la section 3. Il faudrait identifier les événements qui risquent de compromettre les fonctions de sûreté et les barrières physiques, ainsi que les mécanismes de dégradation et les conditions connexes. Ceci correspond à l'identification des défis. Pour chaque défi identifié, des mesures ou des dispositions adaptées et efficaces devraient être déterminées, décrites et citées ou consignées dans les procédures ou les lignes directrices, et utilisées pour former le personnel chargé d'exécuter les mesures de gestion en cas d'accident.
Le personnel chargé d'élaborer le PIGA devrait avoir un niveau de formation et d'expérience suffisant en ce qui concerne la gestion des accidents dans une installation nucléaire.
Pour établir un PIGA, les étapes suivantes devraient être suivies :
Tout en suivant les principales étapes susmentionnées pour établir un PIGA, le titulaire de permis devrait aussi prendre en considération les éléments importants qui suivent et décrits à la section 4.3 :
Lors de l'élaboration d'un PIGA, il faudrait tenir compte des événements déclencheurs hypothétiques et des séquences d'accident qui pourraient être causés par des défaillances ou des dysfonctionnements plausibles des SSC, ainsi que par des erreurs humaines, des dangers internes et externes ayant une cause commune, ou par une combinaison de ceux-ci.
Les problèmes non considérés dans l'enveloppe de conception du réacteur, mais qui risquent de compromettre l'intégrité du confinement, devraient être pratiquement éliminés. En fait, il faudrait que les systèmes de procédé, les systèmes de sûreté et de contrôle, les caractéristiques de conception complémentaires, les SSC disponibles et les dispositions procédurales empêchent littéralement que de tels problèmes surviennent. Par exemple, l'installation de disques de rupture ou de soupapes de surpression assurant une dépressurisation fiable et suffisante du cœur ou de la cuve du réacteur, permet d'éviter l'éjection à haute pression du corium et, par le fait même, le risque de réchauffement direct du confinement par le corium.
Parmi les événements crédibles, un ensemble choisi de séquences d'accident pouvant être utilisé pour représenter chacun des groupes de séquences d'accident devrait être utilisé en vue de mieux comprendre le déroulement des accidents et de déterminer les défis qui se posent à l'égard des fonctions de sûreté du réacteur. Pour ce faire, il faut examiner les conséquences particulières des différents types d'accident sur les fonctions de sûreté et, dans les cas où celles-ci seraient perdues et non restaurées à temps, la manière dont l'accident progresse, la manière dont les brèches se forment dans les barrières contre les produits de fission, le temps qui s'écoule entre chaque étape de l'accident et la gravité de chacune de ces étapes.
Dans le cas des accidents hors dimensionnement (AHD), il faudrait essayer de mieux comprendre la réponse du réacteur en cas d'AHD, y compris les accidents graves. Les fondements techniques utilisés pour la GAG devraient aider à comprendre les phénomènes entourant les accidents graves et les processus physiques propres à un réacteur, comme la dégradation du cœur, la rétention de débris de cœur dans la cuve, la projection de corium à l'extérieur de la cuve, les possibilités de refroidissement, l'interaction entre le combustible en fusion et le caloporteur, l'interaction entre le cœur en fusion et le béton, et tous les problèmes connus liés au confinement. Les fondements techniques devraient également comprendre les phénomènes lors des accidents graves qui se produisent dans les piscines de combustible irradié et les problèmes qui surviennent dans les centrales à plusieurs tranches en même temps. Il faudrait les mettre à jour au besoin afin d'y intégrer les connaissances de pointe et les données expérimentales obtenues à partir des programmes de recherche sur les accidents graves et des leçons tirées d'événements ayant causé de graves dommages au cœur. Il faudrait utiliser les connaissances et les données mises à jour pour évaluer la capacité du réacteur à composer avec les accidents et pour mettre au point des stratégies de gestion, des mesures, des procédures et des lignes directrices adéquates.
Il faudrait également tenir compte des événements déclencheurs hors dimensionnement propres au réacteur, comme les événements déclenchés par des dangers externes extrêmes (p. ex. séismes, inondations et conditions météorologiques extrêmes), pour accroître la capacité du réacteur à y résister. Le but est de s'assurer qu'un ensemble suffisant d'équipements et de produits consommables supplémentaires (p. ex. inventaires de carburants et d'eau) sont identifiés, obtenus, protégés et entreposés sur place ou à l'extérieur du site. Ceux-ci peuvent être utilisés pour maintenir ou restaurer le refroidissement du cœur, du confinement et des piscines de combustible irradié à la suite d'un événement déclencheur hors dimensionnement. Une fois que les produits consommables ont été entièrement utilisés, il faudrait se procurer des ressources hors du site afin de continuer d'assurer les fonctions de refroidissement indéfiniment.
Dans le cadre de la gestion des accidents, il faudrait tenir compte du fait que certains événements déclencheurs hors dimensionnement risquent de donner lieu à des problèmes semblables dans toutes les tranches du site.
Les problèmes associés aux accidents graves ou aux événements déclencheurs hors dimensionnement peuvent être identifiés à l'aide d'une évaluation ciblée des marges de sûreté, qui sont comparées à un ensemble de conditions extrêmes hypothétiques entraînant une perte subséquente des fonctions de sûreté menant à des dommages graves au cœur. Une telle « épreuve sous contrainte » propre au réacteur peut être utilisée pour déterminer l'autonomie des fonctions de sûreté critiques pour le réacteur, les lacunes possibles et tout effet de falaise pour un ensemble donné de situations considérées comme extrêmes. Ce genre d'exercice peut être utilisé pour déterminer les possibilités d'apporter des améliorations à la sûreté et de contribuer à l'élaboration d'un PIGA.
Comme pour l'identification des problèmes posés, toutes les capacités du réacteur à exercer les fonctions de sûreté et à préserver les barrières contre les produits de fission en cas d'AD ou d'AHD devraient être examinées en ce qui concerne les capacités des SSC et les capacités du personnel. Il faudrait identifier les capacités du réacteur à faire face aux AHD grâce aux SSC (notamment les caractéristiques de conception complémentaires) disponibles, y compris l'utilisation de systèmes non dédiés, les sources externes d'eau, les raccordements provisoires (tuyaux flexibles, équipement mobile ou portatif) et les ressources en matériel et en personnel hors site. Il faudrait examiner s'il est possible de remettre en service les systèmes défaillants. En outre, il faudrait évaluer la façon dont les interventions de l'opérateur sont exécutées pour atténuer les conséquences d'un accident.
Il faudrait prévoir plusieurs mesures de GAG différentes pour les problèmes importants touchant l'intégrité du confinement. Il faudrait aussi examiner à la fois les avantages et les conséquences négatives possibles de l'utilisation d'équipements portatifs ou auxiliaires pour faire face aux événements déclencheurs hors dimensionnement.
Lors de l'identification des capacités du réacteur, il faudrait prendre en considération les renseignements pertinents comprenant les leçons tirées d'accidents nucléaires survenus précédemment ainsi que les données acquises dans le cadre d'activités expérimentales.
Pour veiller à la réalisation des objectifs en matière de gestion des accidents, il faudrait élaborer un ensemble de stratégies de prévention et d'atténuation des accidents graves fondées sur la compréhension des phénomènes associés aux accidents et aux incidents spécifiques au réacteur, ainsi que sur l'identification des défis et capacités spécifiques au réacteur.
Des stratégies de prévention sont requises pour préserver les fonctions de sûreté importantes pour éviter les dommages au cœur, par exemple en maintenant le refroidissement du cœur et l'intégrité du confinement. Des stratégies d'atténuation sont nécessaires pour mettre fin à la progression des dommages au cœur lorsqu'ils ont débuté, pour réduire au maximum les conséquences radiologiques et pour atteindre un état stable et sûr à long terme.
L'état des dommages au réacteur, tels que les dommages au combustible, le cœur du réacteur endommagé et découvert, et le déplacement des débris du cœur en dehors de la cuve du réacteur devraient être identifiés en se basant sur les paramètres de surveillance du réacteur et qui ont été pris en considération lors de l'élaboration de stratégies de gestion des accidents.
Des stratégies appropriées, couvrant chaque état de dommage au réacteur, devraient être élaborées et classées par ordre de priorité en tenant compte de l'évolution de l'accident (c.-à-d., la fenêtre temporelle pour chaque état de dommage propre au réacteur) ainsi que des effets positifs et des effets négatifs. Il faudrait tenir compte des incertitudes importantes potentielles liées à l'identification d'une telle fenêtre temporelle.
Pour chaque stratégie élaborée, il faudrait cerner et évaluer toutes les mesures ou interventions appropriées en tenant compte des effets des conditions d'accident sur l'équipement, l'instrumentation et les personnes qui exécutent les interventions. Il faudrait évaluer et documenter de façon détaillée l'efficacité des mesures les plus appropriées ou des mesures préférables pour chaque état de dommages au réacteur.
Pour assurer la réalisation des objectifs en matière de gestion des accidents, le titulaire de permis devrait identifier des mesures pratiques de prévention et d'atténuation. En règle générale, les mesures de gestion des accidents devraient inclure :
Pour accroître la capacité du réacteur à faire face aux événements déclencheurs hors dimensionnement, il faudrait établir des stratégies adéquates, par exemple utiliser les SSC installés pour la phase initiale de gestion de l'accident, les systèmes dédiés ou l'équipement supplémentaire entreposé sur le site ou à l'extérieur de celui-ci pour la phase de transition pendant laquelle les SSC installés sont incapables de fonctionner, ainsi que l'équipement et les ressources disponibles hors site pour maintenir ou rétablir indéfiniment les fonctions de refroidissement du combustible et de l'enceinte de confinement.
L'analyse de sûreté à l'appui d'un PIGA peut reposer en grande partie sur les analyses existantes (par ex., consignées dans les rapports de sûreté ou dans les documents relatifs aux études probabilistes de sûreté [EPS]). Au besoin, il faudrait réaliser une autre analyse pour tenir compte des questions liées à la gestion des accidents.
L'analyse de sûreté devrait faciliter l'élaboration d'un PIGA :
L'analyse de sûreté réalisée pour appuyer la GAG devrait utiliser la méthode de la meilleure estimation. Dans le cadre de l'analyse, les incertitudes liées à la prévision des défis posés aux barrières contre les produits de fission devraient être prises en compte lorsque les phénomènes et processus physiques importants entourant les accidents graves sont mal connus et que les données expérimentales justificatives sont insuffisantes.
Les outils informatiques nécessaires devraient être cernés et conçus avant qu'un événement ne se produise afin d'assurer la réussite globale des activités de gestion des accidents réalisées par l'organisme d'intervention. Ces outils informatiques font habituellement appel à des hypothèses simplifiées et sont souvent présentés sous forme graphique.
Les résultats de l'analyse déterministe des accidents graves aideront le titulaire de permis à :
En ce qui concerne les accidents graves, les résultats de l'EPS aideront le titulaire de permis à :
Lors de la préparation du PIGA, la validation des interventions humaines créditées devrait être justifiée par des analyses adéquates. Il faudrait tenir compte des éléments suivants :
Les procédures et lignes directrices de mise en œuvre des stratégies et des mesures de gestion des accidents devraient être élaborées et décrites dans des documents tels que les PEI et les LDGAG, ou dans des documents équivalents (voir les exigences précisées à la section 3.4). Lorsque des PEI et des LDGAG existent déjà, le PIGA peut être élaboré en utilisant ces éléments. Il faudrait prendre en considération toutes les nouvelles informations concernant la configuration du réacteur, l'évolution des dangers et les connaissances acquises, et vérifier si les procédures et lignes directrices appropriées doivent être mises à jour en conséquence.
Les PEI devraient comprendre un ensemble de renseignements, d'instructions et de mesures conçus pour éviter qu'un accident ne dégénère, atténuer les conséquences de celui-ci et placer le réacteur dans un état sûr et stable.
Les LDGAG devraient comprendre un ensemble de renseignements, d'instructions et de mesures conçus pour atténuer les conséquences d'un accident grave conformément aux stratégies choisies. Des incertitudes pourraient exister tant au niveau de l'état du réacteur que des résultats de la mesure choisie. Par conséquent, les LDGAG devraient proposer une gamme de mesures possibles et permettre de faire d'autres évaluations et de prendre des mesures alternatives. Les LDGAG devraient également tenir compte des différentes conséquences positives et négatives des mesures proposées, y compris l'utilisation de l'équipement, les limites de l'équipement, les mises en garde et les avantages.
Les procédures et les lignes directrices devraient être vérifiées et validées. Ceci devrait comprendre la facilité d'utilisation des procédures et lignes directrices (voir la section 5.2). Il faudrait définir des critères clairs en ce qui concerne le passage des PEI aux LDGAG.
La conception du PIGA devrait fournir des indications adéquates pour veiller à ce que ses événements et les éléments de PEI axés sur les symptômes, ou l'équivalent, soient correctement coordonnés entre les personnes responsables et que l'approche axée sur les symptômes soit invoquée lorsque les conditions le justifient.
Il faudrait définir des mesures, y compris des lignes directrices et une formation, permettant au personnel de prendre des décisions lorsqu'un événement a progressé à un stade pour lequel aucune procédure n'a été définie.
Les PEI et les LDGAG devraient traiter des événements accompagnés de dommages touchant les centrales à plusieurs tranches, de dommages potentiels au combustible dans les piscines de stockage du combustible irradié, de rejets de matières radioactives et d'hydrogène dans les bâtiments adjacents à l'enceinte de confinement, et d'écoulement d'eau contaminée dans l'environnement.
Les délais prévus par les PEI ou les LDGAG pour entamer et mener à bien les interventions requises devraient tenir compte des dommages potentiels au réacteur. Par exemple, les LDGAG pourraient spécifier le temps nécessaire pour raccorder d'autres sources d'électricité et d'eau. En cas d'événements externes, ce délai devrait être prolongé pour tenir compte de l'ampleur des dommages subis au réacteur et des perturbations externes ou au réseau électrique. La remise en service d'un groupe électrogène diesel peut prendre une journée complète ou même davantage, soit une période beaucoup plus longue que celle considérée comme suffisante dans le cas d'un site intact, sans grandes perturbations d'origine externe.
En cas d'événements déclencheurs hors dimensionnement, le réacteur pourrait nécessiter des équipements supplémentaires entreposés sur le site ou à l'extérieur du site, et d'un soutien externe pour atténuer les conséquences de l'accident. Ces mesures nécessaires devraient être spécifiées dans les lignes directrices prévues pour faire face à ces événements.
Les autres éléments importants qu'il faudrait prendre en considération lors de l'élaboration d'un PIGA comprennent l'équipement et l'instrumentation, les responsabilités organisationnelles et les liens de communication.
Les réacteurs devraient être équipés de dispositions matérielles (qui peuvent comprendre des équipements supplémentaires situés sur le site et à l'extérieur de celui-ci) permettant de remplir les fonctions de sûreté fondamentales (c.-à-d. le contrôle de la réactivité, le refroidissement du cœur du réacteur et le confinement des matières radioactives) dans la limite du raisonnable pour tous les accidents pris en considération par le PIGA, y compris les accidents graves. Il faudrait prévoir des systèmes dédiés et des caractéristiques de conception pour pratiquement éliminer certains phénomènes entourant les accidents graves, tels que la fusion du cœur à haute pression et la détonation de l'hydrogène. Toutes les caractéristiques de conception complémentaires et les sources d'eau disponibles pour assurer l'évacuation de la chaleur de désintégration du combustible du réacteur endommagé devraient être identifiées préalablement et mises en place pour gérer les accidents graves, en particulier pour maintenir le refroidissement des débris du cœur et l'intégrité du confinement.
Il faudrait utiliser des outils et des méthodes d'analyse appropriés, en fonction des risques existants (p, ex., fondés sur l'identification des problèmes qui guettent le réacteur et des capacités de celle-ci à y répondre), afin de faciliter la prise de décisions en ce qui concerne les dispositions relatives aux équipements et aux instruments ou les mises à niveau en matière de gestion des accidents.
En ce qui concerne les défis posés par les AHD plus graves, tels que la perte prolongée des sources froides, il faudrait prendre en considération une combinaison de capacités d'atténuation diverses et flexibles. Par exemple, des équipements portatifs ou auxiliaires peuvent fournir différents moyens d'obtenir de l'électricité et de l'eau pour soutenir les fonctions de sûreté de tous les réacteurs se trouvant sur le site.
Les AHD et les accidents graves sont susceptibles de créer un environnement hostile, accompagné de températures élevées, de pressions élevées, de niveaux de rayonnement élevés et de concentrations élevées de gaz combustibles. Ces conditions ambiantes susceptibles de dépasser largement celles des AD utilisées pour la qualification de l'équipement posent des défis supplémentaires à l'équipement. Le titulaire de permis devrait effectuer des évaluations de la capacité de survie de l'équipement afin de fournir une assurance raisonnable quant à la disponibilité de l'équipement servant à la GAG lorsque celui-ci doit servir.
La capacité de survie de l'équipement pouvant servir à la GAG devrait être évaluée par un examen systématique et une évaluation des conditions et des fonctions de l'équipement fondés sur les connaissances et les données disponibles, par exemple la qualification environnementale
de l'équipement pour les AD, la mise à l'essai et l'analyse des accidents graves, et le jugement technique. Le titulaire de permis devrait prendre les mesures suivantes :
L'habitabilité des installations utilisées pour la gestion des accidents (telles que la salle de commande principale, la salle de commande auxiliaire et les installations de support d'urgence, y compris le centre de soutien technique sur le site et le centre de soutien d'urgence sur le site) devrait être évaluée et assurée en tenant compte des conditions ambiantes (p. ex., les conditions radiologiques et les autres conditions liées à l'éclairage, à la ventilation, à la température et aux communications) à l'intérieur et aux abords des installations au cours d'un accident.
Une instrumentation adéquate devrait être disponible à chaque stade d'un accident pour surveiller et diagnostiquer les conditions du réacteur et permettre d'évaluer l'accident, de prendre des décisions en matière de gestion de l'accident et d'effectuer les interventions.
Les paramètres du réacteur utilisés à chaque stade de la gestion des accidents devraient être vérifiés et évalués par souci de fiabilité. La méthode préférée pour obtenir l'information nécessaire consiste à utiliser l'instrumentation qualifiée pour les conditions ambiantes anticipées. Les effets des conditions ambiantes sur la lecture des instruments devraient être estimés et pris en compte pour élaborer les procédures et les lignes directrices. Toute lecture instrumentale essentielle provenant d'un instrument non qualifié utilisé pour diagnostiquer les conditions du réacteur dans le cadre de la GAG devrait comprendre une méthode de rechange (comprenant si possible des outils informatiques) pour vérifier la lecture. En cas de risques élevés de lectures incorrectes dans les conditions ambiantes locales, il faudrait envisager la mise à niveau ou le remplacement des instruments. En cas de scénarios où les paramètres exigés manquent ou que leur mesure n'est pas fiable, il faudrait déterminer le besoin d'élaborer des outils informatiques permettant d'obtenir l'information et de développer les outils informatiques appropriés à l'avance.
Les lignes directrices relatives à la capacité de survie de l'équipement, indiquées à la section 4.3.1 pour les conditions d'accident grave, s'appliquent également à l'instrumentation du réacteur. Il faudrait dresser la liste des instruments utilisés à chaque stade d'un accident grave. Il faudrait fournir une assurance raisonnable quant à la disponibilité des instruments servant à surveiller la progression des accidents graves et à faciliter les interventions liées à la gestion des accidents. Il faudrait aussi tenir compte des conditions ambiantes hostiles, y compris les effets sur les câbles et les traversées électriques de la paroi de l'enceinte de confinement en cas de combustion d'hydrogène dans l'enceinte de confinement.
Étant donné qu'en cas d'accident grave, la quantité d'information pourrait être énorme et accablante et que certaines indications risquent d'être contradictoires en raison de la défaillance d'équipements et d'instruments, le titulaire de permis devrait envisager la possibilité d'utiliser des outils de diagnostic et de soutien afin d'aider le personnel chargé de la gestion des accidents à prendre des décisions (p. ex., outils informatiques discutés à la section 4.2.4).
Un PIGA devrait clairement définir et documenter les rôles et responsabilités à chaque stade d'un accident, y compris :
Les fonctions des « évaluateurs » consistent à évaluer les conditions du réacteur, à déterminer les mesures possibles, à évaluer les conséquences possibles de ces mesures et à recommander les mesures à prendre. Durant l'exécution des PEI, les évaluateurs et les responsables de la mise en œuvre qui exécutent les interventions approuvées pourraient provenir de la salle de commande principale et du personnel de terrain.
Pour la GAG, l'équipe de consultation technique du centre de soutien technique devrait réaliser des évaluations et recommander des mesures de récupération à l'autorité décisionnelle. Les membres du personnel de la salle de commande devraient contribuer aux évaluations du centre de soutien technique en se fondant sur leurs connaissances des équipements et des instruments du réacteur et sur d'autres compétences particulières acquises dans le cadre de leur formation.
Les membres du personnel du centre de soutien technique devraient avoir une bonne compréhension des phénomènes sous-jacents aux accidents graves et des stades de progression des accidents propres au réacteur. Ils devraient avoir une connaissance détaillée des PEI et des LDGAG. L'équipe du centre de soutien technique devrait communiquer de façon intensive avec le personnel de la salle de commande.
Les autorités hiérarchiques devraient être clairement définies à chaque stade d'un accident. Lorsque les responsabilités en matière d'évaluation et les pouvoirs décisionnels sont transférés du personnel de la salle de commande au centre de soutien technique et à un niveau de pouvoir plus élevé, la transition devrait se faire à un moment précis qui ne pose aucun risque supplémentaire pour la gestion des accidents.
En particulier, le titulaire de permis devrait clairement établir les rôles et responsabilités des participants suivants à chaque stade d'un accident. La liste comprend, sans pour autant s'y limiter :
Lors de la prise en considération des événements déclencheurs hors dimensionnement, il faudrait déterminer le nombre minimal de membres du personnel qualifiés nécessaires pour gérer la situation. Il faudrait tenir compte des effets des conditions météorologiques extrêmes, des séismes ou des événements perturbateurs touchant la société relatifs à la disponibilité du personnel qualifié. Il faudrait élaborer des plans d'urgence pour identifier des remplaçants capables d'accomplir les mêmes tâches en cas de non-disponibilité de ces travailleurs qualifiés. Il faudrait prédéfinir les remplaçants adéquats pour les rôles clés de l'organisme de gestion des urgences, y compris la possibilité d'une transmission potentielle de l'ensemble ou d'une partie des pouvoirs.
En cas d'accident grave, aucun des groupes n'est susceptible de détenir toute l'information, toutes les connaissances et toutes les compétences requises pour le gérer. Il importe donc d'établir des liens de communication efficaces entre les groupes, y compris les équipes d'intervention d'urgence indiquées dans le document REGDOC-2.10.1, Préparation et intervention relatives aux urgences nucléaires. Ces liens permettront une intégration efficace de l'information et de l'expertise disponibles au sein de l'organisation exploitante et des organismes d'appui, ou fournies par les autres autorités participantes.
Des liens de communication efficaces entre l'organisation exploitante et l'organisme provincial et d'autres organismes d'intervention d'urgence appropriés devraient clairement délimiter les champs de responsabilité et préciser la quantité d'information et l'ampleur du soutien à fournir à l'organisme provincial et aux autres organismes participants, ainsi que le moment propice pour le faire.
Les pannes de courant devraient être considérées lors de la prévision des moyens de communication, par exemple le lien entre la salle de commande et le centre de soutien technique (voir aussi le document REGDOC-2.10.1).
Il faudrait prendre en considération l'impact des événements déclencheurs hors dimensionnement sur les communications. Il faudrait prendre des dispositions pour assurer des communications fiables entre les différentes organisations de gestion des accidents et d'intervention d'urgence, y compris dans les cas extrêmes tels que les dommages étendus sur le site et hors du site causés par des conditions météorologiques extrêmes, des inondations, des tremblements de terre, etc. Il faudrait prendre des mesures pour assurer l'efficacité des systèmes de communication d'urgence, y compris des séances d'entraînement régulières sur leur utilisation.
Pour répondre aux exigences énoncées à la section 3 concernant la mise en œuvre d'un PIGA, le titulaire de permis devrait tenir compte de l'orientation énoncée dans cette section.
La mise en œuvre d'un PIGA devrait prendre en compte, sans toutefois s'y limiter, les éléments suivants :
Les titulaires de permis devraient intégrer les procédures, les lignes directrices et les arrangements établis, y compris l'équipement et les ressources en personnel, pour assurer la mise en œuvre du PIGA propre au réacteur.
Il faudrait identifier et prendre en compte la transition des PEI aux LDGAG et les questions connexes, y compris les rôles et responsabilités, le rendement de l'équipement et les erreurs potentielles des instruments en conditions d'accident. La phase de mise en œuvre pourrait cerner les changements qu'il convient d'apporter à certains aspects du PIGA.
Les plans et procédures d'intervention d'urgence sur le site et à l'extérieur de celui-ci devraient être examinés en ce qui concerne les mesures de gestion des accidents, pour s'assurer qu'il n'y a pas de conflits. Les arrangements relatifs au matériel, y compris les équipements provisoires et supplémentaires, devraient être vérifiés pour assurer leur capacité de fonctionnement et leur facilité d'utilisation en conditions d'accident.
La vérification des procédures et des lignes directrices avant leur utilisation dans un PIGA a pour but de confirmer leur applicabilité, leur justesse technique et l'exhaustivité de leur portée. Il faudrait réaliser une évaluation pour confirmer que les interventions des opérateurs spécifiées dans les PEI et les LDGAG sont possibles, compte tenu de la facilité d'accès, des champs de rayonnement éventuels, de la présence de débris, d'incendies ou d'inondations, de faibles niveaux de luminosité, de l'utilisation d'équipements de protection individuelle et des niveaux des effectifs.
Le rendement sûr et fiable des personnes et de l'organisation est un élément essentiel d'un PIGA. Un tel rendement en situation d'urgence devrait être pris en compte durant la mise en œuvre du PIGA pour répondre aux attentes précisées dans les guides d'application de la réglementation G-276, Plan de programme d'ingénierie des facteurs humains [3], et G-323, Assurer la présence d'un nombre suffisant de travailleurs qualifiés aux installations nucléaires de catégorie I – Effectif minimal [4]. Le rendement des opérateurs sur le terrain et les questions liées aux interfaces homme-machine dans des conditions et des environnements dangereux devraient être cernés et pris en compte lors de l'exécution des activités liées aux LDGAG. La GAG peut nécessiter un nombre suffisant de personnes qualifiées ne faisant pas partie de l'effectif minimal normal.
Il faudrait effectuer une vérification et une validation suffisantes de tous les aspects du rendement humain et organisationnel, y compris les PEI et les LDGAG, qui permettent d'exécuter toutes les activités de gestion des accidents identifiées afin de démontrer clairement qu'elles peuvent être accomplies par le personnel affecté au réacteur dans toutes les conditions couvertes par le PIGA.
Le PIGA devrait comprendre des mesures permettant de s'assurer que le personnel est prêt à remplir convenablement ses rôles et ses responsabilités. Par exemple, certains accidents peuvent causer des dommages aux installations (p. ex., le centre de soutien technique) et il faudrait prendre des dispositions pour assurer l'habitabilité des installations ou veiller à la présence d'une solution alternative.
L'amélioration du PIGA devrait être réalisée en tenant compte et en incorporant tous les résultats pertinents des recherches bien étayées dans le domaine du rendement humain, y compris les processus décisionnels.
La mise en œuvre des PEI concerne principalement l'organisation des activités, avec l'appui d'autres organisations au besoin. La mise en œuvre des LDGAG a des implications plus vastes sur le plan de l'organisation, qui doivent être soigneusement examinées en ce qui concerne les rôles et les responsabilités, les qualifications du personnel, et les liens de communication avec le centre de soutien technique et le centre de soutien d'urgence (voir la section 4.3.3).
Il faudrait identifier des arrangements appropriés pour le changement de quart et prévoir de la nourriture et d'autres commodités d'usage pour les périodes de service dont la durée est prolongée par des événements déclencheurs hors dimensionnement.
Il faudrait tenir compte des préoccupations éventuelles du personnel affecté au réacteur à l'égard de leur famille et de leurs amis à la suite d'un événement déclencheur hors dimensionnement, et des tensions extrêmement importantes auxquelles ils peuvent être soumis lors de l'exécution des activités de gestion des accidents. Dans certaines situations, il pourrait s'avérer impossible d'accroître l'effectif ou de remplacer le personnel pendant un certain temps. Il faudrait prendre des mesures pour tenir compte de toutes ces situations.
Le personnel d'exploitation et les organismes responsables devraient recevoir des niveaux de formation adéquats pour s'assurer qu'ils ont les compétences nécessaires pour l'utilisation des instructions et des activités indiquées dans les PEI, et qu'ils possèdent les connaissances requises pour identifier les événements et les accidents hors dimensionnement et les directives précisées dans les LDGAG.
Les programmes de formation devraient correspondre aux rôles respectifs des membres du personnel en matière de gestion des accidents, conformément aux exigences du document REGDOC-2.2.2, La formation du personnel [2], leur permettant :
Le titulaire de permis devrait établir les qualifications, la formation, le déploiement et l'effectif nécessaire pour les divers groupes organisationnels qui participent à la gestion des accidents.
Les programmes de formation devraient traiter du rôle de chacun des groupes et inclure des entraînements et des exercices permettant d'évaluer les interactions entre les divers groupes participant au PIGA. Il faudrait élaborer un ensemble d'entraînements pour couvrir les événements mettant en cause les centrales à plusieurs tranches et les événements externes.
L'organisation régulière d'entraînements et d'exercice intégrés a pour but de confirmer et de maintenir le haut niveau d'assurance de l'efficacité de chaque élément essentiel du PIGA lié aux procédures, à l'équipement et au personnel, advenant un accident.
Dans la mesure du possible, le titulaire de permis devrait utiliser une formation sur simulateur, car elle procure un environnement réaliste et interactif et constitue un moyen efficace d'améliorer les interventions humaines en situation complexe.
Pour satisfaire aux exigences énoncées à la section 3 concernant la validation d'un PIGA, le titulaire de permis devrait tenir compte de l'orientation énoncée dans cette section.
La première étape de la validation d'un PIGA consiste à examiner le programme pour évaluer son exhaustivité et sa pertinence. L'examen donne également l'occasion de déterminer les domaines particuliers du PIGA qui ont besoin d'améliorations pour accroître les capacités du réacteur à faire face à un accident. Il faudrait évaluer la pertinence des SSC et des ressources matérielles ou humaines nécessaires pour réaliser les activités du PIGA.
Pour assurer l'efficacité permanente du PIGA, le titulaire de permis devrait avoir un mécanisme procédural (voir l'exigence 6 de la section 3.2) permettant d'examiner ses éléments de façon continue pour s'assurer que les fondements techniques demeurent valides et à jour et que le personnel de la centrale puisse accomplir les activités de manière efficace. Lorsque l'examen indique qu'il y a un besoin d'apporter des améliorations, le PIGA devrait être revu sans tarder pour ajouter ces améliorations.
L'examen d'un PIGA avant sa mise en œuvre a pour but de vérifier sa qualité, sa cohérence et son exhaustivité. L'examen du PIGA après sa mise en œuvre sert à évaluer sa pertinence, son efficacité et les besoins éventuels de mise à jour et de renforcement. L'examen comprend des auto-évaluations et des examens indépendants.
Il est nécessaire de revoir et d'évaluer périodiquement l'efficacité du PIGA pour s'assurer qu'il tienne compte des exigences les plus récentes, qu'il reflète les leçons tirées des entraînements et des exercices, qu'il intègre les connaissances figurant dans les nouvelles publications et les données acquises dans le cadre d'activités expérimentales, et qu'il comprenne tout changement apporté au personnel, aux conditions de l'équipement et des instruments du réacteur, ainsi qu'aux besoins en matière de formation. L'examen devrait englober tous les aspects de la préparation, de l'élaboration, de la mise en œuvre et de la documentation d'un PIGA, y compris :
En outre, l'exhaustivité des dispositions importantes pour la mise en œuvre d'un PIGA devrait être examinée par rapport aux principes de sûreté de base et aux exigences relatives aux PIGA précisées à la section 3. Toutes les dispositions identifiées devraient être passées en revue pour évaluer si elles existent et peuvent être mise en œuvre avec succès. L'examen devrait également déterminer s'il est requis d'ajouter des dispositions pour renforcer la capacité du personnel affecté au réacteur à gérer un accident, y compris un accident grave, et si l'absence d'une disposition tend à affaiblir la défense en profondeur.
Il faudrait établir les capacités de la conception du réacteur en matière de gestion des accidents (dispositions relatives à la ventilation de l'enceinte de confinement, à l'atténuation de l'hydrogène, à la compensation des pertes de fluide caloporteur, etc.) et évaluer leur efficacité.
En ce qui concerne tous les systèmes et équipements censés fonctionner d'une façon ou dans des conditions qui n'ont pas été prévues au moment de leur conception initiale, le titulaire de permis devrait procéder à une évaluation de leur disponibilité possible, de leur efficacité et de leurs limites d'utilisation à l'appui d'un PIGA. Des améliorations à la conception des systèmes actuels pourraient être justifiées si l'évaluation révèle que les conséquences potentielles d'accidents graves plausibles sont telles que les systèmes existants ne pourraient pas produire les résultats voulus en matière de prévention et d'atténuation.
Les dispositifs essentiels de surveillance du réacteur et les instruments permettant de diagnostiquer son état devraient être déterminés et vérifiés afin d'assurer qu'ils puissent fonctionner de façon fiable et fournir des données significatives en cas d'accidents graves.
La validation d'un PIGA devrait également comprendre une évaluation de la pertinence et du caractère suffisant de l'équipement supplémentaire et des articles consommables (réserves de carburant et d'eau) utilisés pour maintenir ou rétablir le refroidissement du combustible nucléaire et de l'enceinte de confinement afin de faire face aux événements déclencheurs hors dimensionnement.
Le titulaire de permis devrait procéder à une évaluation de la disponibilité de ressources de refroidissement, de l'énergie et d'autres matériels qui pourraient être nécessaires pour mener à bien les mesures de gestion des accidents.
En ce qui concerne l'approvisionnement en ressources externes (p. ex., équipements, électricité, eau et personnel), le titulaire de permis devrait évaluer la pertinence des arrangements pris avec d'autres organisations pour garantir la disponibilité, le moment d'utilisation et les possibilités d'accès à ces ressources en cas d'accident, en tenant compte des difficultés possibles posées par des événements d'origine commune ou des événements externes. Ces arrangements devraient être officialisés et documentés.
Pour satisfaire aux exigences énoncées à la section 3 concernant la documentation d'un PIGA, le titulaire de permis devrait tenir compte de l'orientation suivante.
Tous les aspects d'un PIGA devraient en principe être décrits dans une série de documents relatifs au PIGA composée de manuels, de procédures et de lignes directrices, accompagnés de leurs fondements techniques et des rapports d'analyse de la sûreté concernant les justifications, les explications, la vérification et la validation. Il y a également de nombreux autres documents connexes tels que la description de la protection physique du réacteur, les EPS, les évaluations relatives à la capacité de survie des équipements et des instruments, et les rapports sur les résultats des « épreuves sous contrainte » du réacteur, le cas échéant.
Le titulaire de permis devrait au minimum fournir les informations suivantes concernant le PIGA :
Les documents techniques de base présentent les informations techniques importantes pour le PIGA. Ils peuvent s'appuyer sur les descriptions techniques existantes ou renvoyer à celles-ci. Ils devraient entre autres inclure :
Les examens et les révisions des documents concernant le PIGA doivent être suivis et contrôlés.
L'illustration présentée dans cette annexe n'est pas un élément obligatoire de ce document d'application de la réglementation et est fournie à titre d'information seulement.
Figure 2 : Principaux éléments et chevauchement des dispositions d'un programme intégré de gestion des accidents et d'un programme de préparation aux situations d'urgence
Cliquer sur l'image pour l'agrandir | Figure 2 : Équivalent textuel
Les installations et activités du secteur nucléaire du Canada sont réglementées par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). En plus de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires et de ses règlements d'application, il pourrait y avoir des exigences en matière de conformité à d'autres outils de réglementation, comme les documents d'application de la réglementation ou les normes.
Les changements apportés au catalogue des documents d'application de la réglementation sont entrés en vigueur en avril 2013. Les documents actuels et prévus ont été classés en trois grandes catégories et vingtcinq séries, selon la structure ci-dessous. Les documents d'application de la réglementation préparés par la CCSN font partie de l'une des séries suivantes :
Remarque : Les séries de documents d'application de la réglementation pourraient être modifiées périodiquement par la CCSN. Chaque série susmentionnée pourrait comprendre de nombreux documents d'application de la réglementation. Pour obtenir la plus récente liste de documents d'application de la réglementation, veuillez consulter le site Web de la CCSN à suretenucleaire.gc.ca/documents-de-reglementation.
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