Alan T. Prince (1975–1978)
Alan T. Price
Opération Morning Light – « L'année de la grande aventure de la CCEA »
Alan T. Prince préside la Commission de contrôle de l'énergie atomique (CCEA) de 1975 à 1978. Géologue de métier, il est reconnu pour son expérience dans ce domaine. L'Université de Toronto lui a d'ailleurs remis la médaille d'or Coleman en géologie. Avant son arrivée à la CCEA, M. Prince occupait des postes supérieurs dans le secteur de l'énergie et de l'industrie minière.
Un mandat de trois ans à la présidence de la CCEA peut sembler bien court, compte tenu des événements qui ont marqué cette période. C'est à cette époque que la CCEA commence à privilégier la communication avec la population canadienne, une priorité qui perdure encore aujourd'hui. La CCEA accorde une importance renouvelée à la responsabilité du secteur nucléaire de rendre compte de ses décisions. Par conséquent, la Loi sur la responsabilité nucléaire entre en vigueur, le Programme canadien à l'appui des garanties est lancé, le projet de Loi sur le contrôle et l'administration nucléaires est déposé à la Chambre des communes et des mesures d'assainissement de sols contaminés par des matières radioactives sont prises.
Équipage de l'Aviation royale canadienne, opération
Morning Light, 1978.
Cependant, vers la fin de son mandat, M. Prince doit faire face à un défi qui dépasse tout ce qui a contribué à définir cette ère de l'histoire nucléaire canadienne. Le 24 janvier 1978, un satellite de surveillance soviétique à propulsion nucléaire, le COSMOS 954, s'écrase dans les Territoires du Nord-Ouest, laissant derrière lui des débris sur 124 000 km2. Le COSMOS 954 est lancé en septembre 1977. Peu de temps après, NORAD (en anglais seulement) détecte une déviation de l'orbite du satellite, ce qui entraîne son écrasement.
Le COSMOS 954 était conçu pour éjecter son réacteur nucléaire dans l'espace en cas d'urgence. La fonction d'éjection n'a pas fonctionné correctement, ce qui a entraîné l'écrasement du satellite et la dispersion de débris hautement radioactifs dans les régions nordiques du Canada, du Grand lac des Esclaves au Nord de l'Alberta et de la Saskatchewan.
Le Canada et les États-Unis coordonnent l'initiative de nettoyage : Opération Morning Light. Au plus fort des recherches de débris radioactifs, plus de 200 personnes participent aux travaux dans la région touchée. La CCEA est chargée de récupérer et de traiter les matières radioactives ainsi que de réaliser des évaluations environnementales et de santé.
L'écrasement du satellite COSMOS 954 a marqué l'histoire de la réglementation canadienne. Les membres de la CCEA, habitués au travail de bureau, sont envoyés sur le terrain pour gérer la crise, appelée « la grande aventure de la CCEA » par les employés de la CCSN.
Mise à l'épreuve des capacités d'intervention en cas d'urgence nucléaire dans le
cadre de l'opération Morning Light en 1978.
Heureusement pour la CCEA et l'équipe de l'opération Morning Light, la majorité du cœur du réacteur du satellite COSMOS 954 est détruite lors de son retour dans l'atmosphère. Cependant, en octobre 1978, plus de 4 000 écailles de débris radioactifs ont été récupérées dans la région, y compris des fragments du cœur. Il faudra neuf mois, 4 500 heures de vol et 13 970 143 $ pour se remettre de l'écrasement du COSMOS 954.
À la suite de cet accident, les politiques nucléaires internationales sont remises en question. Le Canada, les États-Unis et un ensemble de pays européens se sont unis pour demander que soit interdite l'utilisation de satellites contenant des matières radioactives. En novembre 1978, les Nations Unies ont autorisé le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique à mettre sur pied un groupe de travail pour étudier les satellites à réacteur nucléaire et accroître la sûreté de cette technologie pour explorer l'espace.
Pour en savoir plus sur l'histoire de la CCSN et le secteur nucléaire canadien, consultez notre capsule chronologique interactive.
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