Effets de l'accident de Tchernobyl sur la santé
Mars 2022
Faits en bref
- L'accident survenu en 1986 à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, a causé le plus grand rejet radioactif non contrôlé de l'histoire.
- L'explosion initiale de vapeur a provoqué la mort de deux employés. De plus, 134 employés de la centrale et intervenants d'urgence furent atteints du syndrome d'irradiation aiguë (SIA) en raison des fortes doses de rayonnement reçues. De ce nombre, 28 sont décédés.
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Le nombre total de cas de cancer de la thyroïde enregistrés de 1991 à 2015 chez les moins de 18 ans en 1986
(pour l’ensemble de la Biélorussie et de l’Ukraine et pour les quatre oblasts les plus contaminés de la
Fédération de Russie) s’élève à près de 20 000.
- Environ 5 000 cas de cancer de la thyroïde sont attribuables à l’exposition à l’iode radioactif (iode 131) des personnes qui étaient des enfants ou des adolescents au moment de l’accident.
- Les 15 000 autres cas sont attribuables à une gamme de facteurs, comme une augmentation du taux d’incidence spontanée liée au vieillissement de la population, la connaissance du risque de cancer de la thyroïde après l’accident et de meilleures méthodes diagnostiques pour détecter ce type de cancer.
- Aucune augmentation des taux de cancers solides, de leucémie ou de maladies non cancéreuses résultant de l'exposition au rayonnement n'a pu être démontrée.
- Dans les trois pays les plus touchés – la Biélorussie, la Fédération de Russie et l'Ukraine, les doses de rayonnement reçues par le grand public se sont avérées relativement faibles.
L'accident survenu le 26 avril1986 à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, a donné lieu au plus grand rejet radioactif non contrôlé de l'histoire.
Des explosions de vapeur et d'hydrogène à la tranche 4 de la centrale ont mené à une rupture de la cuve du réacteur et à un incendie qui a duré 10 jours. Les explosions et l'incendie ont causé le rejet de grandes quantités d'iode et de césium radioactifs dans l'atmosphère, principalement près de la centrale; cependant, certaines substances ont été transportées par le vent en Biélorussie, en République de Russie, en Ukraine et dans d'autres régions de l'Europe.
Les sections qui suivent résument les évaluations sur la santé publiées constatés dans le rapport au sujet des effets du rayonnement de l’accident de Tchernobyl sur la santé (intitulé « Health effects due to radiation from the Chernobyl accident »), publié en 2008 par le Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), et dans le livre blanc 2018 de l’UNSCEAR au sujet de l’évaluation de données sur le cancer de la thyroïde dans les régions touchées par l’accident de Tchernobyl (intitulé « Evaluation of data on thyroid cancer in regions affected by the Chernobyl accident »). Ces rapports présentent des conclusions reposant sur plus de 30 ans d'études sur les conséquences pour la santé de l'exposition au rayonnement de l'accident de Tchernobyl. L’UNSCEAR reconnaît que le cancer de la thyroïde associé à l’accident de Tchernobyl est un enjeu de taille, et qu’un examen plus
Rayonnement libéré par l'accident de Tchernobyl
Les employés et le public furent exposés à trois grands types de radionucléides: l'iode 131, le césium 134 et le césium 137.
L'iode 131 libéré dans l'environnement est rapidement absorbé par la glande thyroïde de l'humain. Cependant, l'iode 131 a une courte demi‑vie (8 jours). Les enfants exposés à de l'iode radioactif reçoivent des doses plus élevées que les adultes, puisqu'ils ont une glande thyroïde plus petite et un métabolisme plus élevé.
Les isotopes de césium ont une demi‑vie plus longue (environ 2 ans pour le césium 134 et 30 ans pour le césium 137), ce qui augmente les risques d'exposition à long terme par ingestion de nourriture ou d'eau contaminée, par inhalation d'air contaminé ou par exposition à des radionucléides dans le sol.
Effets sur la santé des employés
Le jour de l'accident, il y avait 600 employés sur le site de l'accident; 134 d'entre eux furent atteints du syndrome d'irradiation aiguë (SIA) et parmi ces derniers, 28 sont décédés dans les trois mois qui ont suivi l'accident. Les survivants au SIA ont mis plusieurs années à se rétablir.
Parmi les 600 employés sur le site, on a constaté une augmentation de l'incidence de leucémie ou de cataractes chez ceux qui avaient été exposés aux doses de rayonnement les plus fortes. Autrement, l'incidence de cancers solides et de leucémie chez le reste des employés exposés n'a pas augmenté. De plus, il n'y a aucun signe d'incidence accrue d'autres maladies non cancéreuses liée à l'exposition au rayonnement ionisant.
Les 530 000 travailleurs participant à l'opération de récupération sur le site de l'accident entre 1986 et 1990 ont été exposés à des doses se situant entre 20 et 500 mSv (120 mSv en moyenne). La santé de cette cohorte continue à être surveillée de près.
Effets sur la santé de la population
Les 115 000 personnes qui ont dû être évacuées de la zone avoisinante ont reçu en moyenne une dose efficace de 30 mSv. Les doses de rayonnement reçues par le grand public dans les trois pays contaminés (Biélorussie, Fédération de Russie et Ukraine) étaient relativement faibles; la dose efficace a été en moyenne de 9 mSv, environ la même dose qu'un tomodensitogramme (10 mSv). La dose efficace moyenne attribuable au rayonnement naturel est d'environ 2,4 mSv par année à l'échelle mondiale. Au Canada, elle est de 1,8 mSv par année.
En date de 2015, plus de 20 000 cas de cancer de la thyroïde ont été signalés chez les résidents de la Biélorussie, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine qui avaient été exposés au rayonnement au moment de l'accident, alors qu'ils étaient enfants ou adolescents. Environ 5 000 de ces cas sont probablement attribuables à l'ingestion d'iode radioactif par les enfants ayant bu du lait provenant des vaches qui avaient mangé de l'herbe contaminée dans les quelques semaines suivant l’accident. Les autres 15 000 cas sont attribuables à une gamme de facteurs, comme une augmentation du taux d’incidence spontanée liée au vieillissement de la population, la connaissance du risque de cancer de la thyroïde après l’accident et de meilleures méthodes diagnostiques pour détecter ce type de cancer.
La dose de rayonnement liée à l'accident de Tchernobyl dans d'autres pays européens a été de moins de 1 mSv. Dans les pays plus éloignés, les doses de rayonnement dues à l'accident n'ont eu aucune incidence sur le rayonnement naturel annuel et furent considérées comme insignifiantes sur le plan de la santé publique.
Troubles psychologiques ou mentaux
Selon plusieurs études internationales, les personnes exposées au rayonnement issu de l'accident de Tchernobyl souffrent davantage d'anxiété et sont plus susceptibles de démontrer des problèmes de santé ou des symptômes physiques inexpliqués.
Préoccupations au sujet de la fertilité et des anomalies congénitales
Dans les régions touchées, il n'existe aucune preuve de baisse de fertilité ni chez les hommes ni chez les femmes. Étant donné la faiblesse des doses reçues par le grand public, une hausse du nombre d'enfants mort-nés, de problèmes pendant la grossesse, de complications à l'accouchement ou de répercussions négatives sur la santé globale des enfants est peu probable. Malgré cela, la surveillance demeure importante et elle se poursuit.
Résumé
Le rapport de 2008 de l'UNSCEAR sur Tchernobyl a confirmé, malgré la disponibilité de nouvelles données de recherche, que les conclusions majeures concernant les conséquences sur la santé de l'accident survenu en 1986 à la centrale de Tchernobyl correspondent sensiblement aux constatations précédentes. Le livre blanc 2018 de l’UNSCEAR reconnaît que le cancer de la thyroïde (chez les personnes qui étaient des enfants ou des adolescents au moment de l’accident) est un enjeu de taille, et qu’un examen plus approfondi est nécessaire afin de déterminer les conséquences à long terme. L'inquiétude quant à la hausse du taux de leucémie ne s'est jamais concrétisée, et il n'y a eu aucun problème de fertilité rattaché à l'accident. Conformément aux constatations précédentes, des effets psychologiques (anxiété) et une mauvaise santé générale ont été observés. Des études avaient déjà montré que l'accident n'avait eu aucune incidence globale en Asie ou en Amérique du Nord, ce qui demeure vrai à ce jour.
Pour en savoir davantage sur Tchernobyl :
- Rapport intitulé « Health effects due to radiation from the Chernobyl accident » (annexe D) publié en 2008 par le Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) [en anglais seulement]
- Rapport de l'OMS sur les effets sanitaires de l'accident de Tchernobyl et les programmes de soins de santé spéciaux (2006) [en anglais seulement]
- Rapport de l'AIEA sur les conséquences environnementales de l'accident de Tchernobyl – 2006 [en anglais seulement]
- Livre blanc de l’UNSCEAR intitulé « Evaluation of data on thyroid cancer in regions affected by the Chernobyl accident », 2018 [en anglais seulement]
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