Allocution de la présidente Rumina Velshi à la réunion inaugurale du Groupe d'impact international de champions de l'égalité des genres dans les organismes de réglementation nucléaire
Le 29 septembre 2020
Virtuellement de Toronto (Ontario)
– Le texte prononcé fait foi –
Aujourd’hui, je veux commencer en vous disant un mot : merci.
Merci d’avoir accepté de faire partie de ce groupe d’impact.
Mais surtout, merci pour votre engagement envers l’atteinte de l’égalité des genres dans notre industrie.
Cela fait chaud au cœur de savoir que tant de personnes ont le même objectif et sont prêtes à consacrer temps et efforts envers la réalisation de progrès concrets.
J’ai hâte de voir ce que nous réaliserons ensemble.
Sur une note un peu plus personnelle, je tiens à vous dire à quel point je suis heureuse de travailler avec Heidi Hulan, notre ambassadrice, et avec vous, un groupe de personnes distinguées de l’ensemble de notre industrie et de partout dans le monde.
Un des nombreux avantages de ce groupe est que nous sommes tous à différentes étapes de l’intégration d’un nombre accru de femmes dans notre industrie – afin de pouvoir enfin atteindre la vraie égalité.
Cet objectif nous permet d’apprendre les uns des autres, d’échanger des idées et des pratiques exemplaires et d’être inspirés et motivés par le succès de chacun.
Dans certains pays, nous voyons des progrès significatifs en ce qui concerne la présence des femmes et l’importance qu’on leur accorde. Dans d’autres pays, il reste des défis et des obstacles à relever, et le travail se poursuit.
Je peux vous affirmer qu’ici au Canada, la situation est loin d’être parfaite.
D’une part, notre premier ministre a fait de l’égalité des genres une priorité – et il a obtenu l’égalité dans son Cabinet.
Ses gestes ont envoyé – et continuent d’envoyer – un message puissant et progressiste.
En même temps, un sondage récent a révélé que les femmes demeurent une minorité dans le secteur nucléaire du Canada.
Et les données sont encore plus inquiétantes pour ce qui est de la main-d’œuvre en STIM.
Les femmes occupent moins de 20 % de ces emplois au Canada.
Malheureusement, il semble improbable que cette situation change de sitôt.
Parmi les diplômés en génie au Canada, seulement 22 % sont des femmes.
C’est le même pourcentage qu’en 2000, année où plusieurs d’entre nous pensaient avoir donné un véritable élan pour l’égalité.
Je suis donc, d’une part, frustrée.
Je travaille dans cette industrie depuis longtemps – et je croyais que nous aurions déjà accompli beaucoup plus de progrès.
Mais ce groupe, et tous les gens remarquables qui ont accepté d’en faire partie, me motive et me redonne de l’énergie, tout comme le fait de penser à ce que nous pourrons accomplir ensemble.
Nous ne serons pas la solution. Mais notre expérience et notre détermination peuvent servir de point de départ.
Je pense encore à un gazouillis que j’ai vu l’an dernier d’une mère qui parlait de l’expérience de sa fille à une foire collégiale et d’apprentis en Europe.
Sa fille s’était inscrite à une discussion sur le génie, mais s’était fait dire qu’on l’inscrirait à une discussion sur la garde d’enfants puisque celle sur le génie était réservée aux garçons.
Quel message cela envoie-t-il? Celui que, même aujourd’hui, les emplois en STIM ne sont pas pour les femmes.
Des groupes comme le nôtre sont créés pour susciter un changement – un changement dont nous avons grand besoin.
Un changement pour le mieux.
Un changement amorcé par une communauté de personnes aux intérêts similaires qui comprennent non seulement les avantages économiques et sociaux associés à l’égalité des genres, mais aussi l’obligation morale de se doter d’un effectif plus équitable, diversifié et représentatif.
Je peux vous dire que nous avons commencé à apporter des changements pratiques à notre façon de faire à la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
Nous travaillons à accroître le nombre de femmes dans notre bassin de talents.
Nous trouvons et embauchons des mentors qui offriront du soutien.
Nous transformons certains rôles afin que les mères au travail puissent élever leurs enfants tout en occupant des postes importants aux responsabilités complexes.
Je tiens à être claire : cette initiative va au-delà de la simple atteinte de l’égalité.
Par cette initiative, nous voulons atteindre notre potentiel.
Si nous voulons tirer pleinement profit des avantages de l’innovation, il faut attirer les meilleurs et les plus brillants dans notre industrie.
Les meilleurs hommes et les meilleures femmes. Des gens impressionnants avec de bonnes idées.
Quand nous excluons une partie de la population, ou que nous sommes incapables de leur donner une place, nous n’atteignons pas notre potentiel.
Il faut déployer des efforts à l’échelle mondiale afin de persuader plus de jeunes femmes à poursuivre des carrières en STIM. Sinon, nous laissons de côté une énorme source de potentiel.
Quelle meilleure façon de s’adapter à un monde changeant que d’insuffler à notre industrie une nouvelle énergie et de nouvelles perspectives – et de veiller à ce que nous attirons les meilleures et les plus brillantes personnes de tous genres.
Lorsque nous donnons aux femmes les moyens d’agir, c’est tout le monde qui en bénéficie.
Avant de laisser la parole à l’ambassadrice Hulan, je tiens à vous dire que je me souviens de l’industrie d’il y a 30 ans.
Comme plusieurs d’entre vous le savent peut-être, j’ai été l’une des premières femmes à travailler dans le secteur nucléaire au Canada.
Je me souviens de la nature de ce milieu de travail… les pages de Playboy affichées en pleine vue, l’équipement de sécurité conçu seulement pour les hommes, aucun vestiaire pour les femmes.
Je me souviens que ce n’était pas un milieu très accueillant pour les femmes. Nous étions une minorité – et
nous en étions conscientes tous les jours.
Au cours des trois dernières décennies, quelques progrès ont été réalisés vers la sensibilisation aux genres et
l’égalité. Nous devrions quand même en être fiers et satisfaits.
Mais ces progrès ne suffisent pas; c’est d’ailleurs pourquoi nous sommes réunis ici.
Nous avons beaucoup entendu parler du sujet ces dernières années, mais malheureusement, les résultats concomitants sont insuffisants.
Mais les étoiles semblent maintenant vouloir s’aligner pour nous.
Beaucoup d’attention est accordée aux questions d’égalité à l’heure actuelle.
Plus de chefs de file de notre industrie sont non seulement prêts à prioriser l’égalité des genres, mais sont enthousiastes à l’idée de le faire.
Dans ce contexte, nous pouvons faire beaucoup de choses – et les faire mieux.
Nous devons encourager les filles à étudier en STIM.
Nous devons créer un milieu de travail plus accueillant et favorable pour les femmes de nos organisations.
Nous devons cultiver les talents et encadrer ceux qui ont du potentiel.
Nous devons mobiliser les décideurs de notre industrie – titulaires de permis et autres – et leur faire savoir qu’ils ont le pouvoir de faire une différence et de façonner un avenir plus inclusif.
Alors que nous entamons notre travail, examinons honnêtement notre situation actuelle.
Soyons réalistes quant aux défis qui nous attendent.
Et allons de l’avant avec audace, afin que le travail se fasse.
Merci.
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