Progression d'accident grave sans intervention de l'opérateur
Résumé du document technique
7 octobre 2015
Préparé par :
Personnel de la CCSN
Ottawa (Ontario) Canada
Résumé
Après l'accident de Fukushima Daiichi survenu en 2011, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a pris plusieurs engagements, présentés dans son Plan d'action intégré, dont celui de produire une évaluation et une vidéo pour montrer au public comment un réacteur CANDU réagirait à une panne complète d'électricité dans une centrale nucléaire au Canada. La vidéo a été affichée en ligne en janvier 2013. La CCSN a maintenant publié un document technique qui évalue la progression d'une panne d'électricité hypothétique à la centrale nucléaire de Darlington.
Pour ce faire, elle est partie du scénario extrêmement peu réaliste dans lequel l'opérateur ne prendrait absolument aucune mesure suivant une panne complète d'électricité dans la centrale. L'évaluation ne sert pas à déterminer les effets des rejets, mais à évaluer quand ces rejets pourraient survenir et leur ampleur afin d'établir les mesures que l'opérateur peut prendre pour empêcher tout rejet. Le document précise quand l'opérateur doit absolument prendre des mesures pour freiner la progression d'un accident. L'évaluation indique aussi que l'opérateur a suffisamment de temps pour agir.
Le personnel de la CCSN a revu et accepté les résultats de l'évaluation probabiliste de la sûreté (EPS) de niveau 2 de la centrale de Darlington réalisée par OPG, y compris son analyse d'un scénario très improbable de panne complète d'électricité dans la centrale sans intervention de l'opérateur. Le scénario évalué supposait l'indisponibilité des sources externes de courant électrique, des génératrices de secours au diesel et des génératrices d'urgence.
Le résumé des données d'OPG préparé par le personnel de la CCSN souligne le fait que les réacteurs en exploitation au Canada offrent de multiples mécanismes de protection contre les accidents. L'hypothèse d'une panne d'électricité prolongée à la centrale est en soi extrêmement improbable et nécessiterait plusieurs pannes de ses systèmes de sûreté. Elle suppose également que le personnel de la salle de commande ne parviendrait pas à prendre les mesures simples prévues dans les procédures de sûreté établies.
Dans une telle situation hypothétique, on calcule que le rejet de substances radioactives dans l'environnement, provoqué par la fusion avancée du cœur, pourrait se produire environ 11 heures (première vague de rejet) après le début de cette panne sans intervention. Environ 23 heures après le début de l'incident, l'intégrité de l'enceinte de confinement peut être compromise par une défaillance structurale, ce qui mènerait à une deuxième vague de rejet environ 25 heures après le début de l'incident. Finalement, l'interaction entre le cœur en fusion et le béton devrait se produire 58 heures après le début de l'incident, entraînant un rejet supplémentaire de produits de fission dans l'enceinte de confinement et dans l'environnement.
Les résultats de l'analyse des accidents graves avec le code MAAP4-CANDU, réalisée par OPG dans le cadre de l'EPS de niveau 2 pour la centrale de Darlington, indiquent qu'une simple intervention de personnel de la salle de commande assurerait entre 8 et 10 heures de refroidissement passif du cœur en fournissant de l'eau facilement accessible aux chaudières. D'après les procédures opérationnelles, le personnel de la salle de commande doit ouvrir les soupapes de sûreté‑décharge afin de dépressuriser les chaudières et de permettre à la gravité d'injecter l'eau dans les chaudières. Cette intervention, pour laquelle le personnel de la salle de commande disposerait de plus d'une heure, peut être effectuée depuis la salle de commande principale ou une salle de commande auxiliaire. Ensuite, les opérateurs sur le terrain auraient suffisamment de temps pour raccorder l'équipement d'atténuation en cas d'urgence, assurant ainsi un approvisionnement continu des chaudières en liquide de refroidissement. Le raccordement réussi de cet équipement peut arrêter entièrement la progression de l'accident. De telles interventions font régulièrement l'objet de simulations et réussiraient fort probablement à arrêter la progression de l'accident et à prévenir le rejet de substances radioactives dans l'environnement.
La probabilité d'un accident comme celui décrit dans ce scénario est très faible en raison des multiples mécanismes de protection en place. Néanmoins, depuis l'accident de Fukushima, les centrales nucléaires canadiennes ont apporté de nombreuses améliorations en matière de sécurité axées sur la prévention et l'atténuation des accidents graves. Ces améliorations réduisent encore davantage la probabilité de dommages importants au cœur découlant d'une panne d'électricité prolongée dans la centrale, ainsi que la possibilité de rejet de substances radioactives.
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